La minéralurgie se définit par la préparation du minerai dans le but de le commercialiser. Dans l’état dans lequel il est trouvé dans la nature, le minerai n’a que peu de valeur. En 1886, Paul Chapuy note que la teneur du minerai de Norberg en Suède diminue. On procède alors à la construction d’un atelier de préparation mécanique pour y remédier.
L´État ou les compagnies privées qui possèdent les mines doivent traiter le minerai extrait dans des usines ou ateliers de préparation mécanique comme précisé dans les travaux des élèves. C’est là que le minerai subit différents traitements pour être transformé. On cherche à se débarrasser des impuretés présentes dans le minerai et donc à en augmenter la teneur. Les travaux des élèves font part d’usines qui travaillent principalement sur le fer, l’argent et le cuivre puisque les principales mines scandinaves regorgent de ces minerais. La minéralurgie et le travail à l’usine représentent la deuxième grande étape étudiée par les élèves de l’École des mines après le travail dans la mine.
Les journaux et mémoires des élèves offrent un regard varié sur l’industrie minéralurgique scandinave du 19è siècle. Leurs rapports mentionnent la durée des travaux, les matières premières utilisées, les heures de travail, le salaire des ouvriers, les rôles de ces derniers, les étapes de la transformation du minerai, le prix de revient de la production, les machines employées et les questions économiques telles les exportations des produits issus des usines.
Comme pour l’extraction du minerai, les méthodes de préparation mécanique varient d’une usine à l’autre et sont influencées par des procédés étranger comme celui de Bessemer. Les étapes et les machines utilisées changent pour chaque méthode. On obtient ainsi une grande diversité de méthodes qui peuvent changer au sein d’une même usine entre le passage de deux élèves.
Léon Janet résume en 1883 la situation pour toute la Suède :
“C’est qu’il ne suffit pas de l’abondance du minerai pour le développement d’une vaste industrie métallurgique. Il faut aussi le combustible nécessaire à la production de la fonte et à sa transformation ultérieure. En réalité, c’est précisément la faiblesse des ressources en combustible que renchérit et limite la fabrication du fer en Suède car ce pays ne possède de la houille que dans sa partie la plus méridionale : la Scanie. Mais les houilles scaniennes sont de médiocre qualité. Il est inutile de rechercher de la houille dans d’autres régions de la Suède. Il y a 500 à 600 km entre la Scanie et la grande zone métallifère de la Suède. Le prix de transport du charbon à la plupart des usines égalerait ou dépasserait même dans bien des cas ceux des houilles anglaises. Celles-ci, grâce à l’excédent de l’exportation de Suède en Angleterre sur l’importation d’Angleterre en Suède, peuvent être livrées en port suédois à un prix beaucoup plus modéré que ne le ferait supposer la grande distance qui sépare les deux pays. L’exploitation houillère de la Scanie n’a pas trouvée dans les régions voisines un écoulement plus naturel que dans les grands districts miniers. Il n’est cependant pas impossible qu’elle ne remplisse avec le temps une partie des besoins des usines à fer les plus méridionales“.
“En outre une grande industrie sidérurgique est impossible, même dans un pays riche en combustibles minéraux, sans des communications à bon marché. Cela est encore plus vrai quand il s’agit de combustibles végétaux disséminées sur de vastes étendues souvent éloignées des mines de fer. Mais si c ‘est en général une affaire très simple que de relier au moyen de chemins de fer de puissants districts houillers avec des gîsements sidérifères rapprochés, ou tout du moins pas trop éloignés, il n’est pas si facile d’établir dans de vastes régions forestières situées à une grande distance des mines un réseau de lignes ferrées assez dense pour amener les charbons de bois aux usines à fer. Cette difficulté est plus sensible encore dans un pays à population aussi clairsemée que la Suède. De plus, quelque dense que puisse devenir le réseau des voies ferrées dans ces pays, il faudra nécessairement que les prix du fer soient très élevés pour qu’il y ait plus d’avantage à employer à la production du fer plutôt qu’à la transformation en bois de travail des bois très éloignés des mines. En dernier lieu, la croissance des forêts surtout dans les parties les plus septentrionales de la Suède est beaucoup plus lente que dans les autres pays. A mesure que des communications plus faciles auront donné plus de prix aux produits forestiers, les forêts auront sans nul doute mieux soignées et le rendement en sera infiniment plus considérable que ce n’est le cas à l’heure actuelle où dans les districts écartés, les populations ont à peine consacré les soins les plus élémentaires à la recroissance des bois“. J 1883 (717)