Les méthodes étrangères ont eu un grande influence sur l’industrie scandinave. Léon Janet relève l’usage de la méthode wallonne (sud de la Belgique) dans les mines de Danemora en Suède lors de son passage en 1883. Les Wallons commencèrent à émigrer en Suède au cours du XVIIè siècle. Ils apportèrent avec eux leur maîtrise métallurgique. La forge wallonne est répandue en Suède et sert à la production de fer. Il est concevable que Janet trouve la méthode wallonne en usage à Danemora car c’est le centre de production de fer le plus important du pays.
Les procédés Bessemer ou Martin-Siemens s’accompagnent, en plus d’une méthode différente, de nouvelles machines spécifiquement conçues pour être utilisées dans ces procédés.
Henri Bessemer (1813-1898) est un industriel et métallurgiste britannique. Il brevette en 1855 son procédé d’affinage de la fonte brute dans le but de produire de l’acier à bas coût. Les élèves observent l’utilisation de ce procédé quelques années après le dépôt du brevet.
Henri Roux de Bézieux note en 1883 que le procédé Bessemer est utilisé à l’usine de Domnarfvet en Suède.
Léon Janet remarque que le procédé Bessemer n’a pas été une réussite lors de son passage en Suède en 1883 : “il y a une quinzaine d’années, on a espéré un instant que le procédé Bessemer rendrait à la Suède son ancienne influence mais on a vite dû constater que l’acier Bessemer était produit à un meilleur marché par les pays étrangers“. Le fait que les mines suédoises périclitent à la fin du XIXè siècle et la faible quantité de minerai disponible peut expliquer que l’introduction d’un nouveau procédé échoue.
L’autre procédé appliqué en Scandinavie est le procédé Martin-Siemens. Il tient son nom de ses inventeurs : Pierre-Émile Martin (1824-1915, élève externe des l’École des mines, promotion 1844) et Carl Wilhelm Siemens (1823-1883), ingénieur britannique venu d’Allemagne. Il est breveté par Siemens en 1856 puis repris par Martin en 1864. Le procédé augmente la durée de l’affinage mais permet ainsi d’avoir un meilleur contrôle de la production et d’augmenter la qualité de l’acier.
Lors de sa visite à Domnarfvet, Henri Roux de Bézieux indique la production d’acier par procédé Bessemer, Martin et Lancashire. Cela implique que plusieurs procédés ont été utilisés en même temps. La méthode Lancashire est un procédé d’affinage.
Les élèves mentionnent également un méthode par voie sèche qui serait remplacée par celle à voie humide : “Il est possible que la nouvelle méthode de traitement par voie humide qui est essayé depuis près de 4 ans et qui va remplacer définitivement l’antique méthode de four à cuve, produise un revirement favorable à la prospérité [des mines de Falun]”, prédiction réalisée par Charles Lallemand en 1879.
François Villain le remarque aussi en 1886 : ” la métallurgie du cuivre par voie humide à complètement remplacée à Falun, depuis plusieurs années, l’ancienne métallurgie par voie sèche au four à cuve, qui était le type de ce qu’on appelait la méthode continentale“.
Les journaux et mémoire des élèves présentent la Scandinavie comme une terre d’expérimentation des méthodes industrielles étrangères. Cela permet d’étudier la diffusion des techniques industrielles et de constater leur échec ou leur réussite.