Domnarfvet

Domnarfvet est le lieu le moins visité par les élèves de l’École des mines.

Carte du trajet de Léon Janet en 1883 (J 1883 717).

Il ne sont que quatre à s’y rendre :

– Léon Janet et Henri Émile Roux de Bézieux en 1883

– Paul Chapuy et Léon Gustave Salomon en 1886.

Gabriel Jars ne visite pas les mines de Domnarfvet lors de son passage en Suède en 1767, signe peut-être de leur manque d’intérêt. Ce n’est qu’à la fin du 19è siècle que les premiers élèves de l’École visitent ce centre.

Domnarfvet est un lieu de production du fer. Henri Roux de Bézieux écrit que les procédés métallurgiques ayant été améliorés “dans le sens du progrès“, la pureté du fer est allée croissante. Cependant, la production globale reste inférieure aux autres pays.

L’usine jouit cependant d’une “situation favorable” selon les termes d’Émile Roux de Bézieux : elle est située près d’un fleuve qui est traversé par le chemin de fer. Ce dernier permet d’acheminer le charbon de bois tout en distribuant par la suite la production de l’usine. La force hydraulique à disposition serait mal utilisée. Les matières premières doivent être acheminées par traîneau pendant l’hiver. La campagne de production minéralogique s’arrête au début de l’été et les ouvriers retournent aux champs. Léon Janet précise que même si “l’amélioration des communications a naturellement rendu la fabrication de la fonte moins dépendante que jadis de la nature de l’hiver“, le transport par traîneau sera toujours nécessaire. Ce n’est qu’en hiver, quand les chemins forestiers sont gelés que le charbon de bois peut être transporté au chemin de fer.

Plan de l’usine de Domnarfvet, Léon Janet, 1883, J 1883 (717). Le fait qu’il n’y ait aucune indications laisse penser que c’est un fond de carte que l’élève devait remplir.

Le site de Domnarfvet devient pour les élèves de l’école un lieu d’étude des procédés métallurgiques Bessemer et Martin.

Le procédé Bessemer est utilisé pour l’affinage (purification) du minerai. C’est le britannique Henri Bessemer qui brevette ce procédé en 1855. Son principal avantage est qu’il permet de produire de l’acier à un prix réduit.

Léon Janet écrit en 1883 qu’il y a “une quinzaine d’années, on a espéré un instant que le procédé Bessemer rendrait à la Suède son ancienne influence mais on a vite dû constater que l’acier Bessemer était produit à meilleur marché par les pays étrangers”.

Il continue en expliquant que même si le fer suédois est supérieur aux autres par sa pureté, ses usages sont limités. La production suédoise de fer serait inadapté au marché. Il est utile pour “fabriquer des aciers supérieurs, du fil fin, un grand nombre d’outils, des fers à chevaux” mais il est “presque trop bon pour la plupart des objets qui peuvent avec une dextérité suffisante se fabriquer avec un fer bien inférieur et d’un moindre prix de revient“.

Le procédé Martin (ou Martin-Siemens) est breveté par Carl Siemens en 1854 puis amélioré par Pierre Martin en 1866. Ce dernier est un élève-externe de l’École des mines de la promotion 1844. Ce procédé est plus long que celui de Bessemer mais permet ainsi un meilleur contrôle de la production et d’en améliorer la qualité.

Plan de l’usine de Domnarfvet, Léon Janet, 1883, J 1883 (717).

Léon Janet se dit étonné du “luxe déployé” dans l’usine. La compagnie aurait construite des usines capables de “rivaliser avec les plus belles usines d’Europe et font un singulier contraste avec les petites installations métallurgiques du pays“.

400 ouvriers travaillent à l’usine. Selon Roux de Bézieux, la compagnie en charge des lieux a construit des maisons qui sont louées aux ouvriers “pour une somme très modique”.

L’atelier de Domnarfvet, Léon Janet, 1883, J 1883 (717).

Léon Janet relève que “la société a fait construire de chaque côté du chemin de fer, régulièrement placées le long d’une allée de bouleaux, des maisons d’ouvriers qui sont d’une élégance et d’une propreté remarquables. Chaque maison est isolée. Elle peut contenir trois ménages dans un rez-de-chaussée assez élevé pour avoir un sous-sol. De plus, trois chambres pour ouvriers célibataires : à chaque demeure est affectée un petit jardin avec un lot de terre cultivable. Les églises et les écoles n’ont pas été oubliées. En un mot, rien n’a été oublié pour améliorer le bien-être des travailleurs“. J 1883 (717)