L’un des premiers ouvrages qui semble avoir eu une grande influence sur tous les élèves de l’École des mines est celui d’Antoine-Gabriel Jars (1732-1769) : les Voyages métallurgiques publiés entre 1774 et 1781 par son frère Gabriel Jars (1729-1808). Antoine-Gabriel Jars est un chimiste et métallurgiste français entré à l’École des Ponts et Chaussées sur recommandation de Trudaine (1703-1769), intendant des finances. Rapidement après sa formation, il visite à la demande du gouvernement plusieurs mines en France dont celle de Poullaouen en Bretagne, destination régulièrement choisie par les élèves de l’École des mines par la suite. Jars voyage aussi en Autriche, en Bohème, en Hongrie. En 1766, il visite toute l’Europe du Nord : Hollande, Saxe, Danemark puis Suède et Norvège. Correspondant de l’Académie des sciences depuis 1761, il en devient membre à son retour en 1768.
Ses Voyages métallurgiques, présents dans les collections de la bibliothèque, sont une succession de cas d’études de toutes les mines qu’il a visitées. Leur lecture est obligatoire pour tous les élèves à leur entrée à l’École des mines.
Les similarités de contenu sont nombreuses entre cet ouvrage et les mémoires des élèves : description des environs de la mine, composition des sols, exploitation des mines et méthode d’extraction, nombre d’ouvriers et description de leur travail, liens entre la mine et les fonderies aux alentours puis enfin, étude des installations industrielles avec là encore le nombre d’ouvriers, l’origine des minerais utilisés, les machines, la durée des travaux et les autres produits consommés et la méthode de préparation.
Lors de son passage en Scandinavie, Antoine-Gabriel Jars visite les mines de Kongsberg en Norvège, Danemora et Persberg en Suède, plus de 70 ans avant le premier élève-ingénieur, Jean Charles Galissard de Marignac en 1839.
En consultant les travaux de Jars, les élèves ont pu se renseigner à la fois sur la méthode de travail à suivre pour la rédaction et sur les lieux qu’ils pourraient potentiellement visiter.
Son frère écrit dans la préface de son ouvrage :”M. Jars, convaincu que pour les faire réellement connoitre [les fourneaux et les différentes machines], et engager par là, à les imiter, des dessins et des plans exacts étaient indispensables, dessina lui-même, dans ce genre, tout ce qui parut mériter quelque attention“.