Les élèves font peu de commentaires sur le travail des ouvriers dans les mines. Ils se concentrent surtout sur les horaires, le rythme du travail, les salaires, le nombre d’ouvriers et le personnel mais mentionnent rarement leur vie en dehors de la mine.
Paul Chapuy relève lors de son voyage en 1886 “la dextérité de forge extraordinaire des mineurs suédois de par la dureté de la roche“.
A Norberg, “l’accès des mines pour les ouvriers consiste seulement dans une série d’échelles reposant sur les rebords de la roche. Les puits des exploitations les plus importantes sont équipés de cages guidées“.
Jean Charles Galissard de Marignac mentionne le système d’éclairage utilisé par les mineurs à Kongsberg : “dans cette mines comme dans toutes celles de la Suède et de la Norvège, on se sert au lieu de lampes d’un faisceau de baguettes de sapin réunies par un lien en cuivre“.
“Les flambeaux ont l’avantage de pouvoir quand on le veut donner beaucoup de lumière mais ils répandent une fumée extrêmement désagréable. Lorsque les ouvriers travaillent, ils l’accrochent verticalement à des clous fichés dans les parois ou même ils les plantent en terre entre les fragments de roche, alors le flambeau brûle très lentement et donne assez peu de lumière. La durée d’une pareil flambeau est excessivement variable ; lorsqu’on marche en l’agitant pour s’éclairer beaucoup, il est souvent consumé en moins d’un quart d’heure, tandis que les ouvriers pendant qu’ils travaillent les font durer quelquefois jusqu’à 2 heures“. M 1839 (233)
Les ouvriers sont surveillés pendant leur travail. Edmond Nivoit décrit la situation à Kongsberg en 1864 : “à cause de la grande valeur du minerai, la surveillance la plus active est exercée pendant le travail. On creuse à la lumière du jour sous l’inspection des maîtres mineurs“.
Plusieurs centaines d’ouvriers peuvent travailler dans une mine mais les postes sont variés. Paul Chapuy en fait la liste pour la mine de Norberg en 1886 : “1 ingénieur directeur, 1 caissier, 1 comptable, 2 employés aux écritures, 1 surveillant, 227 ouvriers dans la mine et autour, 13 ouvriers aux machines, 25 en charpente, 4 en maçonnerie, 5 en serrurerie, 8 au chemin de fer et 18 au pesage“. J 1886 (762). Le travail à la mine regroupe une multitude de savoir-faire.
La mine de Sala compte 200 ouvriers en 1864 selon Edmond Nivoit.
Le travail dans la mine suit une organisation bien définie. Ainsi à Kongsberg, Edmond Nivoit écrit que “le travail à la poudre dans l’intérieur du filon est fait par des mineurs divisés en deux classes. La première payée en raison du vide produit, travaillent sur la masse même du filon. Les autres payés a la journée travaillent sur les parois et enlèvent le minerai des ramifications“.
Le salaire de l’ouvrier dépend du travail réalisé. Il doit fournir lui même son équipement qu’il achète avec son salaire. C’est le plus souvent le propriétaire de la mine qui le lui vend. Cette organisation est commune à de nombreux centres miniers.
Les situations sont semblables à Röraas en Norvège. Elle est décrite par Léon Janet en 1883 :
“Deux ouvriers travaillent toujours ensemble : ils reçoivent 16 francs par mètre cube de roche, s’il s’agit d’une galerie d’avancement et seulement 12 francs s’il s’agit de l’exploitation d’un pilier. Mais ils doivent payer là dessus tout le matériel dont ils ont besoin : huile, fleurets, poudre, marteaux, mèches, etc. seulement la compagnie fournit tous ces objets au prix coûtant, les ouvriers s’entendent entre eux pour payer un des leurs qui est constamment occupé à réparer les outils“. J 1883 (717)
De même à Ameberg en 1886 lorsque Alfred Focqué visite la mine :
“350 ouvriers au travail de fond et 120 à la surface. Ils sont payés 70 francs par mètre d’avancement. Ils fournissent eux-mêmes la poudre, l’huile et la dynamite. Ils réalisent un salaire journalier de 3 francs 50 à 3 francs 70. 8 heures de travail par jour pour 4 heures d’extraction par jour“.
A Sala, François Villain explique en 1886 que les ouvriers “achètent leurs outils et les explosifs“. “La durée de chaque poste est de 8 heures. Les ouvriers reçoivent de la société des parcelles de terre pour la culture des légumes. L’extraction se fait nuit et jour excepté le dimanche. 80 ouvriers au fond et 80 à la surface”.
A Ameberg, Raoul Perrin indique en 1864 que “le pays était désert ; pour attirer des travailler et organiser un personnel d’employés, on dû construire des maison d’habitation“.
La société en charge des mines et de l’usine de Domnarfvet en Suède a beaucoup fait pour ses ouvriers. Henri Roux de Bézieux indique que “la compagnie a construit bon nombre de maisons qui sont louées aux ouvriers moyennant une somme très modique“. Léon Janet rajoute que “la société a fait construire de chaque côté du chemin de fer, régulièrement placées le long d’une allée de bouleaux, des maisons d’ouvriers qui sont d’une élégance et d’une propreté remarquables. Chaque maison est isolée, elle peut contenir trois ménages dans un rez-de-chaussée assez élevé pour avoir un sous-sol. De plus trois chambres pour ouvriers célibataires : à chaque demeure est affecté un petit jardin avec un lot de terre cultivable. Les églises et les écoles n’ont pas été oubliées. En un mot rien n’a été négligé pour améliorer le bien-être des travailleurs”.
Jean Bès de Berc relève les qualités des ouvriers de la mine d’Ameberg en 1897:
“L’esprit des ouvriers est bon, ils sont peu turbulents, ne boivent pas trop, et sont convenablement logés. La mine a fondé deux hôpitaux ; il existe une Société de secours qui, fait à signaler, fonctionne sans susciter de récrimination“.