Parce que les élèves se rendent plusieurs fois aux mêmes endroits au fil des promotions, les élèves ont à leur disposition une source précieuse d’information : les travaux de leurs prédécesseurs, que l’École conserve jusqu’au début du XXe siècle.
Ils ne se privent pas de les consulter et l’indiquent eux-mêmes dans leurs mémoires. Cependant, s’il peuvent le faire avant leur départ, l’accès leur en est interdit lorsqu’ils reviennent à Paris et ce jusqu’à ce qu’ils rendent leurs propres travaux.
Le futur voyageur obtient ainsi des renseignements récents sur les lieux visités, les méthodes d’extraction et le travail à l’usine, sur le contexte général des pays scandinaves. Par ailleurs, s’il retourne sur un site déjà visité, il peut à son tour compléter le travail d’un élève parti avant lui par ses propres observations sur le terrain.
François Villain a lu de nombreux mémoires pour préparer son voyage : parti en 1886, de nombreux élèves ont en effet étudié la Scandinavie avant lui. Il cite ainsi les mémoires de Gabriel Auguste Daubrée (1836), de Joseph Durocher (1839) et de Charles Lallemand (1879). Il sait, par exemple, que Charles Lallemand a déjà décrit certains procédés employés à l’usine de Falun en Suède et considère que ce n’est pas nécessaire de les présenter à nouveau. Son historique de la mine par ailleurs, est directement recopié de celui proposé par Daubrée ! Le regard porté par les professeurs sur ce procédé rédactionnel demeure inconnu…
Réalisé parmi les premiers, le mémoire de Gabriel Auguste Daubrée sur les dépôts métallifères de la Suède et de la Norvège, est publié dans les Annales des mines en 1843 sur décision du Conseil de l’École. La valeur de ce travail de terrain dépasse en effet le seul cadre de l’École. S’il n’est pas le seul à être publié dans cette revue, c’est l’un des plus lus parmi les élèves partant en Scandinavie : Léon Janet, Émile Roux de Bézieux, Jules Dougados ou encore Joseph Durocher le citent.
On peut encore mentionner parmi les sources de Léon Janet en 1883, les travaux de Joseph Durocher (1839), de Charles François Duchanoy pour Röraas (1852), de Charles Alfred Oppermann pour Ameberg et de Georges Rolland sur Kongsberg (1875), tous également publiés dans les Annales des mines.